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deux au bout de la carrière : fatigués, ils atteignent le but. Leur haleine pressée agite leurs flancs et leurs lèvres arides : la sueur ruisselle de leurs membres. Le héros se pâme et succombe : de l’engin le virus découle.


Que cela te suffise, mon Paulus ; c’est assez d’une page libertine, Paulus ; je ne veux pas badiner davantage.

Mais, quand tu m’auras lu, défends-moi contre ces gens dont parle Juvénal :

Qui font les Curius et vivent en Bacchantes,

pour qu’ils ne jugent pas de mes mœurs par mes vers.

Libres sont nos écrits, mais notre vie est pure,

comme dit Pline. Qu’ils se souviennent donc, car je les suppose érudits, que Pline, cet écrivain si estimé, était libre dans ses poésies, mais châtié dans ses mœurs. La luxure chatouille les vers de Sulpitia, l’austérité plisse son front. Apulée, qui vécut en philosophe, parle en amoureux dans ses épigrammes. Sévère en tous ses préceptes, Cicéron laisse percer le badinage dans ses lettres à Cérellia. Le Banquet de Platon contient des vers sur les adolescents. Parlerai-je d’Annianus et de ses fescennins ? du vieux poëte Lévius et de ses livres d’Érotopégnies ? d’Evenus que Ménandre appelait le Sage ? de Ménandre lui-même ? de tous les comiques enfin, qui avaient des mœurs sévères et s’égayaient dans leurs écrits ? Citerai-je encore celui