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et les yeux. Dans son transport il s’élance vers le seuil ; embrasé d’amour, il attache ses lèvres sur les joues de la jeune vierge, y cueille un baiser, et la presse longtemps entre ses bras.

Offre des présents.

Des jeunes gens arrivent, chargés des présents qu’ils mettent sous les yeux de chaque famille : un manteau hérissé d’or et de broderies, d’autres cadeaux, des talents d’or et d’ivoire, un siége, un voile que l’acanthe a nuancé des reflets du safran, une nombreuse argenterie pour les tables, un collier de perles, et une couronne où l’or s’enlace aux pierreries. On donne à l’épousée une esclave avec ses deux enfants à la mamelle : à son époux quatre jeunes garçons et autant de jeunes vierges ; tous ont, suivant l’usage, les cheveux rasés, et une chaîne d’or, dont les replis s’enroulent autour de leur cou, retombe sur leur poitrine.

Épithalame en l’honneur de l’un et de l’autre.

Alors les mères, avec un zèle empressé, conduisent la jeune fille au logis. Pendant ce temps les jeunes garçons avec les vierges de leur âge, s’amusent à répéter en chœur des chants rustiques, et récitent des vers. « Compagne d’un héros digne de toi, gracieuse épousée, sois heureuse, aux jours où tu connaîtras les premiers travaux de Lucine, où tu seras mère. Prends une coupe de vin de Méonie. Mari, jette des noix, entoure l’autel de bandelettes ; fleur et vertu de tes ancêtres, on t’amène une épouse : elle passera, comme tu le mérites, sa vie entière auprès de toi, et te rendra père d’enfants beaux comme elle. Couple fortuné ! si les dieux justes le permettent, vivez heureux ! « Courez ! » ont dit à leurs fuseaux les Parques d’accord avec l’ordre immuable des destins. »