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celtique, suivi du tau qui n’est pas plus clair, et du min mortel dont un rhéteur fait un si mauvais mélange pour son frère ? Pourquoi le seul mot res pour désigner un empire, un procès, et le coït ? Est-ce un nom étranger ou latin que le mot sil ? Deux bateaux réunis forment-ils un ponton ou un pont ? Virgile a dit sepes dans ses Bucoliques : pourquoi seps dans Cicéron ? Lac est un mot usité et que tout le monde reconnaîtra rien qu’à l’entendre : pourquoi condamner lact, que la raison préfère ? Ce monstre funeste de la Libye, le seps, est-il un nom latin ? Si insons désigne un innocent, l’opposé, le coupable, est sons. Pourquoi appelle-t-on un riche du nom de Jupiter Stygien, dis ? D’où vient que le poète de Rudies a dit du ciel : Divum domus altisonum cœl ? Et d’après quelle autorité écrit-il Endo suam do, « dans sa maison ? » ou encore, en parlant de la feuille du peuplier, pourquoi dit-il populea frus ?

Mais où vais-je ? quelle sera la fin, le terme, la limite de cet ouvrage ? Pardonne-moi, Pacatus, toi qui es bienveillant, docte et débonnaire, tous ces vers épars comme la chevelure d’Antiphile. Paix !


XIII.

AUSONE À PAULUS, SALUT.

Lis encore, si tu le juges à propos, cet opuscule frivole et sans valeur, qui n’a été ni martelé par le travail, ni limé par l’étude ; où l’on ne trouve ni la vivacité des saillies, ni la maturité de la réflexion. Les premiers qui se sont divertis à ce genre de composition, l’appellent centon. C’est un pur travail de mémoire : rassembler des lambeaux épars, et former un tout de ces découpures ; cela peut mériter un sourire plutôt qu’un éloge. Si une telle œuvre, aux Sigillaria, se vendait à l’enchère,