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XIII. Narbonne.

Je ne tairai point ta gloire, Narbo Martius. Sous ton nom, une province étendue au loin dans un immense royaume imposa les lois de son autorité à des peuplades nombreuses. Et la contrée où les Allobroges se mêlent aux Séquanes, et celles où les cimes alpestres arrêtent les limites de l’Italie, où les neiges des Pyrénées bornent l’Ibérie, où le Léman donne naissance au cours impétueux du Rhône, où les Cévennes enferment et resserrent les champs de l’Aquitaine, jusqu’aux Tectosages qui portent l’antique nom de Volces : tout cela fut Narbo. Tu arboras la première, dans les Gaules, le nom romain, et les faisceaux d’un proconsul du Latium. Qui rappellera tes ports, tes montagnes, tes lacs ? tes peuples divers, si différents de costume et de langage ? et ce temple antique de marbre de Paros, d’une si imposante magnificence, et que n’auraient méprisé autrefois, ni Tarquin, ni Catulus, ni enfin celui des Césars qui releva les combles dorés du Capitole ? C’est à toi que les mers de l’Orient et l’océan des Ibères versent leurs marchandises et leurs trésors ; c’est pour toi que voguent les flottes sur les eaux de la Libye et de la Sicile : et tous les vaisseaux chargés qui parcourent en tous sens les fleuves et les mers, tout ce qui navigue dans l’univers entier vient aborder à tes rives.


XIV. Bordeaux.

Depuis longtemps je me reproche un impie silence, ô ma patrie ! Toi, célèbre par tes vins, tes fleuves, tes grands hommes, les mœurs et l’esprit de tes citoyens, et la noblesse de ton sénat, je ne t’ai point chantée des premières ! comme si, convaincu de la faiblesse d’une pauvre cité, j’hésitais à essayer un éloge non mérité ! Ce