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double mur agrandit l’aspect de la ville, où s’élèvent, un cirque, les délices du peuple ; un théâtre fermé, où s’échelonnent d’immenses gradins ; puis des temples, le Palais et ses remparts, et l’opulent hôtel de Moneta, et le quartier célèbre sous le nom de Bains d’Hercule, et partout des péristyles ornés de statues de marbre, et des murailles entourées de fossés en forme de circonvallation. Tous ces ouvrages semblent, par leurs vastes formes, rivaliser de magnificence, et ne sont point écrasés par le voisinage de Rome.


VI. Capoue.

Je ne tairai point Capoue, sa puissance maritime, son élégance, ses festins, ses délices, ses richesses, toutes ses vieilles gloires. Malgré les retours de l’inconstante fortune, elle eut confiance en sa prospérité, et ne sut point garder de mesure. Aujourd’hui l’esclave de Rome, elle était jadis sa rivale. Balançant toujours à observer ou à trahir sa foi, à mépriser le sénat ou à lui rendre hommage, elle osa espérer les curules pour ses auspices de Campanie, pour un consul tiré de son sein, et s’élever assez haut pour partager l’empire du monde. Bien plus, à la cité maîtresse de l’univers, à la mère du Latium, elle déclara la guerre : elle se fiait à ses généraux sans toge. Elle jura fidélité aux armes d’Annibal, et, bientôt déçue, elle passa, l’insensée ! sous le joug de cet ennemi, avec des airs de souveraine. Puis, entraînés à leur ruine par leurs vices communs, les Carthaginois se perdirent par la luxure, et la Campanie par le faste (jamais l’orgueil, hélas ! ne rencontre de solides fondements !) ; et cette ville, autrefois si puissante par sa force et par ses richesses, cette autre Rome, qui pouvait orner son cimier d’une aigrette rivale, la voilà reléguée au huitième rang, où encore elle se soutient à peine.