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qu’où le plus périlleusement peuvent se soutenir la femme et l’homme ?

Combien de battements du cœur la frapperont-ils encore de leur détresse révolue, sans que lui, lent, sage, passif, ou conscient dispensateur de leur joie, la lui mesure et se rapproche ?

Elle sourit d’elle, de ne pouvoir et ne savoir respirer que si mal, retirée d’un plaisir si indistinct, peu formel et surtout malicieux.

Mais tout leur est propice, et rien de la menue stratégie n’est perdu. Par la petite main agile et séchée de contrainte qui s’actionne aux barreaux de la chaise, il connaît délicieusement tout d’elle ; mais il saura lui taire ce regard : il faut que l’amour sache perdre tant de choses ! et il ne viendra pas, indolent et savant. Déconcertée, elle devient « le pauvre », sans finesse, plus tranquille d’être si bien humiliée, d’une fraîcheur niaise et neuve, innocentée.

Elle n’a guère le courage de laisser fuir encore une minute. Elle se lève et quitte enfin le feu pour ce charme d’être petite et suppliante (ce mensonge !) mais cela trop riche en délices et trop joli ne sera jamais osé, même d’elle. Toujours quelque survivance d’orgueil médiocre, dernier oripeau d’adolescence, aime à nous tarir le meilleur de vivre. Certes elle estimerait plus haut l’autre orgueil, celui d’être heureuse, mais ne peut, ne pourra jamais. Et tout son grand effort de femme ne conquiert sur sa