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mal qu’elle a désorienté. Effarée de ne plus savoir où elle va, où elle veut, elle se sent diminuée. L’imprécision ne lui fut-elle bonne que pour aérer la fixité de l’ami ? N’aurait-elle pas de vie propre à elle seule ?

Un grand garçon très beau, au fond de son wagon, d’un regard preste et fin interroge ses gestes. Il la voit très parfaitement ailleurs avec tant d’adieux sur tout elle, qu’il cherche en vain l’instant où elle est là.

Elle n’est pas sans voir cette curiosité, et goûte les hasards qui peuvent l’éveiller à des soucis divers.

Son air traqué, d’une attention trop vive et comme échappée de la mort, offense et retient cette âme d’homme par son excès d’énergie, par la fatigue suppliciante qui rayonne de ce visage.

Elle se montre si lointaine, qu’il la veille et n’est pas loin de la souhaiter ; on la voudrait toujours où elle n’a que faire.

Très malheureusement il parle. Et cette voix d’étranger la rejette avec délices vers Pierre. L’inimitié de ce qu’elle n’a pas fait sien, lui rend sensible et proche la voix aimée avec sa nuance, son chant. Elle cherche comment Pierre s’étonne, et si cela le gêne qu’elle manque, autant qu’elle est gênée d’être partie.

Souffrir n’est pas pour eux, mais leurs mains vides sont-elles plus ou moins lasses, ou trop, de ne plus se chercher ? Jusqu’où vont-ils pâlir de ne plus