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ÉPOUX
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tumulte : « Ô Socrate, s’écria-t-elle, est-ce donc maintenant que tes amis te parlent pour la dernière fois « et que tu vas leur parler ! » Paroles de désespoir, de deuil, d’affection pure et que de Monzie, comme les autres, voit avec malveillance pour rester dans la ligne de ses Veuves abusives et surtout par soumission à la calomnie historique contre Xantippe.

« Que pensez-vous que fit Socrate pour consoler, pour apaiser la malheureuse ? Voyez le procédé et étonnez-vous après cela qu’il y ait des Xantippe quand on les traite ainsi :

« Socrate dit à Criton :

« Qu’on reconduise cette femme à la maison. » Les valets de Criton emmenèrent de force' Xantippe qui vociférait et se frappait. »

Mettons-nous à sa place : bousculée, saisie par des valets et par ordre de son mari qui va mourir et qui pouvait d’un mot consolant, la calmer, la renvoyer apaisée, quel traitement d’ignominie ! Triste méconnue, impuissante dont on couvre la voix, l’adieu déchirant à l’instant suprême, quand il eût été si simple pour Socrate de la laisser écouter avec ses disciples le dernier entretien de sa vie !

Ne pouvait-il faire comme fit Platon pour Axiotée et Lasthénie ? Ces femmes de bonne famille et de haute intelligence bravant les règlements revêtaient des vêtements d’hommes pour venir les soirs, mêlées aux étudiants, écouter les leçons de Platon, beau comme Antinoüs, en blanc, dans les jardins de l’Académie. N’était-ce pas plus noble de laisser faire, de ne pas voir peut-être ces belles délinquantes ?

Je le demande : sous une telle indignation de tels sévices, et comme ultime traitement, quelle