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LE NOUVEL ART D’AIMER

Fais qu’il brûle le pavé, qu’il se hâte toujours comme un adolescent en approchant de son foyer. Vive l’épouse qui lui fit cette allure. Le foyer c’est chaleur d’abord.

« Vous le gâtez trop »,
dit le médecin à la femme dévouée du cher mari malade. Vous tomberez à la peine et sans vous que deviendra-t-il ?

La femme : « Ah qu’il soit donc gâté jusqu’à la honte, qu’il s’étale sur mon temps, sur ma vie, en pacha bien-aimé, le cher être qui m’a fait vivre le bonheur ! » Voilà l’épouse de chez nous quand le mari a su l’annexer toute.


Pourquoi il y a des Xantippe.

Parce que celle de Socrate, plus sensible peut-être que la masse passive des épouses, n’endurait pas le sort abject fait en Grèce à la femme du foyer.

Ce put être parce qu’elle avait plus d’ardeur, plus de race ou même plus de cœur. Vous allez juger de l’infâme procédé que dictèrent à Socrate les mœurs du temps, contre l’épouse alarmée, désolée et cela sans que lui, habitué, en sentît même l’horreur intempestive.

Athènes était implacable pour la femme du Gynécée. Elle réservait ses grâces, son luxe, sa culture à la courtisane. L’homme après avoir fécondé sa femme (tâche d’État) n’avait qu’une idée fixe : courir chez la fille à la mode. La police réglementait même les sorties de la femme de foyer et les étoffes dont elle pouvait user.

C’est Platon qui parle :

« Xantippe au dernier jour de Socrate entra en