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LE NOUVEL ART D’AIMER

Cultivons la parole.

La caresse a laissé parfois moins de rayonnement entre vous deux que l’action de grâces. Être heureux, c’est se dire ce qui va bien en amour. Être malheureux, c’est se taire ou grogner à deux, c’est se dire ce qui va mal. La caresse est bénigne auprès de la parole. Les doux corps, ces enfants, s’accorderaient toujours. Un mot sec est inguérissable. Et pourquoi ruminer à deux la déception ? Se retrouver est une fête. De quel droit l’empoisonner ?


Le loisir.

Tout dépend de lui. Est-il gardé jalousement par les époux pour être goûté à deux dans son ampleur ? Tout est sauvé. Si l’un va à son match, elle au concert ou dans le monde avec une amie, l’union ne se fera jamais. Au concert Élise a monté. Robert au match est descendu. Où donc se rencontreraient-ils si leurs jeux ne sont pas les mêmes ?


Les Français
sont les mieux faits pour l’amour eux intenses, allègres et plaisants par-dessus leur courage. Ils seront faits pour l’amour sitôt qu’ils l’auront entrepris comme la grande affaire. Ce n’est pas commencé. On prend la femme qui vous tombe sous le cœur. On aime par sursauts et l’amour veut qu’on le feuillette en ordre.

Décidons-nous à insister. Entrons dans la riche pâte des joies, la nature est copieuse à qui s’y donne et pénétrons dans la crème des jours, dans la moelle des chances. On s’aimait au hasard de l’humeur et