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LE NOUVEL ART D’AIMER

Et médite, Simone, ce mot
de Montherlant :

« Je ne peux plus aimer qu’en Espagne car là on me sourit encore. »

Et médite ce remords définitif qui
crucifie la veuve enfin dessillée que je suis par la mort du compagnon chéri, mais maladroitement comme nous faisons toutes et inspirée enfin sitôt qu’il est trop tard.

Plus de repos ! Au lieu de soigner ses joies quand j’avais mon mari, j’ai dorloté mes peines ! Mon sourire irradiait son cher visage. Et je n’ai pas assez souri !

Crime des crimes.


À la mort de l’aimé,
de l’aimée,

qui seule enseigne tout l’amour, ce que nous nommions notre personnalité pendant la vie aveugle des heureux, nous apparaît dans la douleur comme une prétention.

Saisissez-vous, jeunes, de la leçon pour faire mieux que nous, à qui hélas ! on ne l’a pas donnée.

Remettez à sa place la personnalité de vos trente ans pour encenser le don, lui seul maître du monde.

Toi, femme, n’oublie pas
d’amuser le bonheur, ni toi Jacques. Ne négligez pas les caresses de mots, qui font les autres exquises et les petits noms chauds, ridicules et charmants. La gaieté sauve tout.