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LE NOUVEL ART D’AIMER

est la plus décriée et qu’elle donne plus que lui en donnant tout.

Il la protège, mais de quoi puisqu’elle est sa victime honorablement et socialement ? Ne portant pas le même nom, comment se permettrait-elle un enfant ? Elle a dû rompre avec les siens pour vivre en concubinat. Et la voilà coupée de ses racines et de sa durée, feuille au vent sur la terre ennemie.

Elle est montrée au doigt par sa concierge, ses fournisseurs, elle si digne, comme la bête immonde. Pour ses amis anciens qui ne la saluent plus s’ils sont mariés, elle est la déclassée. Dumont l’a donc arrachée de tout, de tous exactement. Il est le sacrificateur sans phrases.

Lui qu’y a-t-il gagné ? Une compagne exquise, une maîtresse de maison hors ligne. Et pis, il en profite, horreur ! Car sur le restaurant, elle lui fait faire des économies. Non ce n’est pas égal et je plains l’homme, le donnant, de tant accepter en arrachant à Denise la considération.

Il rend vaines la valeur, les vertus d’une femme en la privant de son entourage. Il est en somme celui qui l’a tarée et cela malgré leur tendresse qui est d’un très bel ordre. L’écriteau d’infamie est sur elle. Il n’y peut plus rien. Il l’a diminuée.

Il ne la mettra jamais assez haut dans son cœur si la pauvre petite garde une attitude attrayante et ne lui fait pas sentir ce qu’elle immole. Mais qu’il sache qu’il ne s’acquittera jamais car il lui a ôté l’honneur, ce à quoi la Française est si fort attachée, elle fille de preux ; cet honneur que rien, quoi qu’elle fasse, dans une société implacable, ne lui rendra jamais, car même si ces braves amants