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AMANTS
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vellerait chaque jour. Il se ferme le champ de l’observation. La bonté, ô nietzschéens à la manque, c’est donc le grand moyen de culture.


Les amants qui vivent ensemble.

Ce qu’ils ont de particulier, c’est que l’homme, le veuille-t-il ou non, et aussi délicat soit-il, est l’exécuteur social, le bourreau de la femme.

Dans nos lois iniques pour Elle, la plus faible n’a de rang que par l’homme. Est-il parfait ? Elle est heureuse. Elle est au bon plaisir de son monarque. Est-il sans mœurs ? Elle est perdue. Mariée à un goujat, c’est une victime. Le divorce la rend suspecte.

Sans mari la femme ne pèse rien. Seul l’homme la classe, la déclasse, la reclasse. Et la veuve n’est qu’une épave. Le moyen-âge le sut bien qui délégua le chevalier à la défense de la veuve et de l’orphelin. Nous n’avons plus de chevaliers. Pourquoi ?

Des génies, après Diderot, Michelet[1], Bernard Schaw dans Candida se dressèrent à notre défense. Qui les continuera ?

Des amants Denise et Dumont ne peuvent se passer l’un de l’autre. La femme de Dumont lui refuse le divorce. L’amante brise avec ses parents et vient vivre avec lui. Il la tient pour sa femme. Il la chérit, la vénère, car il est noble et fin. Ce n’est pas lui qui dirait comme les mufles : « Vous me donnez votre jeunesse, je vous donne la mienne ; nous sommes quittes. » Il sait que la plus tendre

  1. Le mot de Michelet : « La France mourra au xx° siècle de sa guerre à la femme. » Je dis : non, car nous avons assez de nobles hommes pour reclasser la Française.