Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
LE NOUVEL ART D’AIMER

Décidément, pauvres amis, vous aurez bien mérité de l’amour quand vous aurez gagné le port, le mariage ; car la société brutale vous y coince de plus en plus en vous retirant tout abri hors de lui.


Les amants sans caresses.

Moi qui donne en tout la prédominance au poème sur la réalité, que j’aime ces amants brûlants qui ne s’accordent rien qu’une pression du bras ou du poignet, qu’un baiser sur les yeux, les lèvres ou le front, dans un square ou sous une porte. Il est beau, puisque partout la libido prévaut, que ces démons lui fassent baisser le nez.

Ils défient la nature et la soulèvent vers le dieu. C’est l’espèce dont se fait l’histoire de l’amour. Ils sont les seuls à garder leur prestige et nous laissent leur nom pour avoir tout demandé à la flamme et sans la ramener à la chaleur de sexe.


La fille sans mystère ou
facile, écuelle de l’amour.

À vrai dire je ne crois qu’à la fantaisie d’en haut pour maintenir toujours les êtres l’un vers l’autre. J’ai vu qu’elle crève souvent quand on se touche et j’y ai pris la plus plate opinion des frictions et fricassées de corps quand elles n’aiguisent pas les deux individus.

Quand les lettres d’un homme, hier malheureux par la privation de la femme élue, baissent sous les caresses dont une autre l’accable, que je le plains d’un bonheur qui déprime ! Que le poème est plus vif que la vie !