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AMANTS
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depuis que les « thés » sont trop chers, qu’aux musées ou dans le métro. Ils ne s’embrassent pas. Il ne la tient pas même sous le bras, par une décence pour sa famille à elle qu’elle impose à l’ami.

On n’imagine pas le nombre des amants qui ne se prennent pas et qui n’en auraient pas la place puisqu’ils ont leur camping sur la chaussée.

Quant à ceux qui ne s’embrasseraient pas, même s’ils le pouvaient, ils sont légion. Croire le contraire c’est ignorer le Paris le plus intéressant, celui des artistes, des femmes fines et fières, des gens enfin ayant une haute conception de l’amour, nier les amours d’esprit c’est méconnaître, c’est blasphémer Paris et ses idéalistes. Il en pousse partout.

Ces oiseaux sans perchoir sont bien exquis. Sans pouvoir ou sans vouloir s’approcher du feu, mais pour ne pas se perdre, ils l’attisent autant qu’ils peuvent et s’y consument. Dieu les aime.

Les amants en visites.

Je dois une mention à ceux-là qui ne se voient qu’en visites chez ; les autres et sous le feu croisé des regards salissants. Le 5 à 7 est bien touché, car chacun travaille dans la classe élégante et jusqu’à six heures du soir en rentrant, il faut pourvoir à l’aliment du lendemain pour éviter les queues devant les fournisseurs.

Ne va-t-il rester aux amants chassés de partout que la chambre meublée à mi-chemin du travail et de la demeure, si l’ami ou l’amie est marié ou si l’amante est une jeune fille à qui ses parents refusent ce mariage ? Quelle horreur d’être vue sortant de là !