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AMANTS
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Il te faut, au contraire, lui varier l’horizon. Oublies-tu son goût d’aventures, de fables, de féerie et sa soif de voyages ? Il veut voir le monde en son jardin {Le grand Meaulnes d’Alain Fournier). Il veut même voir la tragédie dans sa chambre comme le montre Cocteau dans ses Enfants terribles.

Ce qu’il t’a demandé, aussitôt formulé l’ennuie déjà. A toi de prévoir ce qu’il n’a pas demandé. Être deux, c’est cela. Si tu le doubles seulement il bâillera. Et demain tu l’assommeras.

Ajoute-toi. Invente.


Si tu ne trouves pas,
appelle tes aînées. Ta conception de la vie moderne : tourner le dos à ma génération étant hostile, acrimonieuse, ne te donnera rien. Saisis-toi des recettes que nous te tendons pour fortifier l’amour.

Les nôtres étaient simples : N’aimer que celui qui se montre notre ami, celui de notre individu ; parmi ceux qui sont sensibles à notre personne, préférer ceux qui vont à notre personnage. Quand l’ami est trouvé, rester transparente pour lui. Amour c’est lumière d’abord. Exprimer seulement sans bluff ce que nous ressentons. Il y faut se traduire. Mais se traduire naturellement est un art pour ne pas répéter les lieux communs de la sensiblerie. Il y faut le choix artiste, le respect du mystère. Cultive-toi, jeune fille, toi aussi jeunesse virile, pour être digne de l’amour.

Discrétion, tact, mesure, modestie ou tu n’es pas français. Et puis oser, t’oser en ton unicité, ta qualité.

Puis l’amour est un prince de clarté, en même temps