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LE NOUVEL ART D’AIMER
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Madame utilisant ses vieilles robes ne s’énervera pas à en faire de neuves. Son temps lui est rendu pour l’homme son seul bien, pour l’enfant, pour la culture. Monsieur ne croyait pas à l’amitié là-bas dans son hôtel de Neuilly. Les riches ont trop d’amis pour en avoir. Il découvre dans son quartier modeste deux bons camarades de lycée ou d’idées qui viennent se chauffer à son poêle.

Le quartier devient une petite ville moins méchante que la province ou un visage ami reprend son prix depuis qu’on ne peut plus sortir le soir.

Veux-tu que la conversation d’idées renaisse, elle seule féconde ? Dis à tes familiers : « Ici on ne geint pas. » Et : « Ici les gueules de vaincus n’entrent pas. La consigne est de parler d’autre chose. »

La vie de famille devient le seul oasis. À l’amour de le faire beau. L’amour peut s’engraisser de la ruine s’il sait en noter les acquêts.

J’en ai dit le déblai. Plus de distractions coûteuses qui t’attirent au dehors. Préserve bien la félicité qui te reste au fond de l’infortune. Respecte-la. Que nul caractère aigre ou cassant ne vienne ici contrister l’amour et l’effort de chacun pour tous, effort qui doit être total pour que ce feu subsiste.

S’il faut vous serrer tous
autour d’un feu unique comme au temps du totem, vous vous aimerez mieux car on aime toujours ce qu’on supporte. Que la femme, la chère passionnée, ne prenne pas ombrage de la mère admirée de son mari, hier une puissance et qui se dépense à cœur joie pour que nul ne manque de rien. Que