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LE NOUVEL ART D’AIMER

chaque membre de la famille pût adresser une invocation aux dieux de la maison : leurs morts.

Les familles s’unissaient. Le culte d’une ou deux familles à prestige fut emprunté par d’autres. On leur fit un temple. La cité était née. On ne fonde rien que par le respect.

Rome était née du culte du divin, des ancêtres, de la piété mise à fonder une famille. La religion était la loi puisque Athènes avait une purification tous les deux ans, et Rome tous les quatre ans. À cette fête (le cens et la lustration) ceux qui ne venaient pas au cens[1] étaient rayés du nombre des citoyens.

Je dis : Rome n’était impie qu’envers la femme.

L’épouse n’entrait dans la famille antique que pour transmettre la vie à un défenseur du culte des ancêtres de son mari et devait donc abjurer le culte de ses pères. Si le mari mourait sans qu’elle ait eu d’enfant, elle devait épouser son frère à elle pour avoir une progéniture mâle, plutôt que de rester sans procréer.

Elle n’était que la chose du culte.

Le culte était individuel. Le Pontife de Rome, l’archonte d’Athènes, avait le droit de s’assurer que le père accomplissait ses rites, mais il n’avait le droit d’y rien changer.

Je dis : quel merveilleux élément de culture d’esprit et d’amour que l’invention des rites ! Quelle littérature des profondeurs de l’humanité il y aurait là à recueillir, à compléter, dans ces prières personnelles des chefs de famille à leurs morts !

  1. Dénombrement.