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LE NOUVEL ART D’AIMER

POUR TOUCHER LE CIEL DE L’AMOUR

L’égoïste, ai-je dit plus haut, ne sait pas s’aimer. Il se borne. « Si les astres ont besoin les uns des autres, combien moi, davantage, j’ai besoin de mes frères ! » dit Claudel ; et je dis : de leur mettre le pied à l’étrier.

Pensons aux autres. Chacun nous rend des terres de notre âme.

— « Et pourquoi ? répond un pauvre homme, j’ai tant de mal à assurer la vie des miens. »

Réponse : — Mais pour l’assurer mieux, d’abord, chaque ami nous en indique un moyen de plus. Aussi pour nous ouvrir l’entendement. Tous nos dons sont à conquérir et chacun nous y aide. Nous rencontrons nos dons en sortant de nous-même pour approuver autrui ou contredire le prochain, car penser c’est sortir et c’est sortir de soi pour y rentrer plus profondément ensuite.

L’art aussi nous y aide : « Roulons dans la vie des autres comme une pierre au gouffre », dit Eugène Carrière, le grand peintre dont la peinture a augmenté le cœur français.

Donnons-nous, donnons de nos forces, et il restera bien un Dieu pour ne pas nous en punir.

Jamais on ne tient mieux en mains sa force d’âme qu’au fond du dévouement.

Je te parle ici de devenir un maître.


Et débarquons la femme
qui tire tout à elle, qui ne laisse pas l’homme sensible à tout l’humain.