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LE NOUVEL ART D’AIMER

celles qui font la race au lieu de nos flaireurs de honte. Et publiez par jour une vie exemplaire et un poème bien choisi. Je trouverai le temps de vous faire le choix. N’allez pas croire que le bien soit ennuyeux et le mal pittoresque. C’est le crime au contraire qui est sempiternel et monocorde en ses moyens. C’est le bien, c’est le sauveteur, qui invente, lui aventureux comme un chevalier de contes de fées, car il doit mater même ceux qu’il veut secourir, nul ne voulant être sauvé : Aux inondations de Toulouse (1878) le commandant Raymond de Faucamberge, mon père, me conta depuis, que pour sauver dans les barques avec son 29e Bataillon de chasseurs, les riverains de la Garonne à l’instant où ils étaient menacés, il dut parfois les enlever de force. Les religieuses voyant une impudeur à se laisser empoigner par les braves chasseurs, criaient comme femmes qu’on viole.


Sans un jury mi-partie maternel
pour juger des crimes du cœur, nous n’aurons pas même une demi-justice malgré l’honorable essoufflement des juges. Toujours ils auront des faiblesses pour les crimes dits passionnels, qui sont les plus inexcusables. Il n’y a pas de meurtres passionnels. On ne tue pas ce qu’on aime. On se tue. Les juges seront lâches à punir les marâtres ; le poupon ne les intéresse pas encore, tandis qu’il faut voir dans sa mort l’égorgement d’une âme, d’un corps, d’une lignée.

Le jury maternel demandera qu’on recherche l’instigateur du crime (la tête avant le bras qui l’exécute). Le jury des mères punira celui qui, des