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LE NOUVEL ART D’AIMER

On le peut mieux à deux qu’à un car, d’un couple inspiré, éclairé, il naît une force invincible.


Ne médisons pas de la passion.

Quant à nous, conseilleurs qui voulons être les payeurs tant nous sommes certains de nos méthodes pour les avoir vérifiées, nous ne nous méfierons pas de la passion, elle qui meut toutes les vigueurs du monde. Bien orientée la passion c’est la raison dardée, soutenue, disciplinée. Si Jésus vomit les tièdes, c’est qu’ils ne peuvent rien.

Pour mener loin l’étude, la passion n’est-elle pas le feu sacré ? Et qu’est le gai-savoir de Nietzsche sinon l’embrasement sagace par en haut ?

Quoi donc soutiendrait la raison sinon la passion dans sa lutte contre un monde d’inconscients, d’engourdis, de stupéfiés devant la marche précipitée des faits ? Ou disons, pour être moins durs, d’insouciants ou d’étourdis criminels — si l’on songe à l’inconséquence avec laquelle sont décidées le plus souvent les unions,

surtout les unions calculées.

Ce qu’il te faut, mon frère : Inspirer ton instinct.

Exemple : Sans réfléchir, croyant y voir son intérêt, un homme avait fait un mariage politique.

« Alors, me disait-il anéanti, huit jours après, toujours, à table, à l’heure où l’on reprend des forces avec l’amour, tous les jours de toute ma vie, je verrai cette face terne qui m’atterre ? »

C’était un honnête homme. Il ne l’a pas quittée. Elle est heureuse. Mais lui !

Tu n’as qu’un intérêt : Épouser ton amour, cèlui