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PARENTS
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tation de l’homme, L’Holocauste) ; Louis Lefebvre, le plus saint des poètes de la Grande Guerre (Silentium) et, chose étrange, un étranger Milocz, qui n’a faussé aucun de nos prestiges.

Pour former de hautes volontés, de grands affirmatifs de leur foi, lisons Barbey d’Aurévilly, Léon Bloy et surtout Georges Polti dans Le Manuel de la volonté[1]. Lisons Jeanne d’Arc de Hanotaux et Le Procès de Jeanne. Lisons le Mémorial de Napoléon à Sainte-Hélène où, grand vaincu, il éclairait encore le monde. Souvenons-nous que là il a écrit ce mot qui signifie : dans l’éducation poésie avant tout : « La tragédie est l’école des hommes d’élite. » Et cet autre mot gros d’espoir : « Non, Jésus n’est pas un homme. »

Dans un relevé si court, on oublie certes des poètes essentiels ; mais ceux que je viens d’indiquer pour rester dans mon sujet sont les plus sûrs et les plus constitutifs ; ils sont en outre (sauf Magallon et S.-Ch. Leconte, eux plutôt poètes de l’honneur), de ceux qui enrichissent l’art d’aimer et nous intéressent directement. Ils découvrent des terres vierges de notre âme, des Amériques du cœur.

Le poète est l’accoucheur du courage et de l’ingénuité des êtres. Et lui seul peut, en un beau vers, recomposer la France.

Qui n’a pas lu les poètes, de quinze à trente ans, s’est desséché dans l’œuf.

  1. Polti est l’auteur considérable de 36 situations dramatiques, de L’Art d’inventer des personnages, de L’Égaré, de L’Éphèbe, etc.