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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

du sommet de cette côte, on aperçoit la ville au fond d’un immense entonnoir. Vue à vol d’oiseau, elle présente du côté de la mer une vaste échancrure où se pressent un grand nombre de vaisseaux de toute dimension ; du côté de la terre, elle s’appuie et s’échelonne sur des collines élevées, couvertes en été d’une végétation sombre et vivace. Sa situation a une certaine analogie avec celle de Marseille, plus la verdure et moins le soleil.

J’étais harassée de fatigue, et de plus souffrante d’un coup de soleil sur le visage ; ce traître de soleil du Nord, qui ne chauffe pas, hâle horriblement et rend souvent malade. Du reste, on doit s’attendre à tout lorsqu’on voyage comme nous faisions. La nécessité d’être au cap Nord à jour fixe précipitait notre course de plus en plus et transformait en corvée et en torture une des plus charmantes distractions possibles, un voyage l’été, dans des pays peu connus.

Christiania, autrefois Opslo, comme vous savez, est une ville trop moderne pour avoir une physionomie caractérisée ; on peut lui adresser sous ce rapport le même reproche qu’à Gothembourg, et mon observation sur les villes de fraîche date subsiste quant à elle. L’été, le port a beaucoup de mouvement et d’animation, il sert de lieu de rendez-vous à tous les petits navires marchands des autres villes de la côte et reçoit en outre beaucoup de bâtiments étrangers. Les quais sont encombrés de planches de sapin prêtes à être embarquées ; ces planches sont disposées par piles régulières entre-croisées, et en quantités si innombrables qu’il y en aurait certainement assez