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VOYAGE D’UNE FEMME

anglais. Après les tristes bourgades qu’on vient de traverser, Gothembourg fait l’effet d’une véritable capitale.

Gothembourg, détruite et brûlée par les Danois en 1611, sortit de ses ruines sur un ordre de Gustave-Adolphe et fut reconstruite en entier. Cette façon de renaître de leurs cendres n’est pas favorable aux villes ; elle n’en fait pas des phénix, au contraire. Une ville est une agglomération d’œuvres et de souvenirs qui a essentiellement besoin de la collaboration du temps ; ses édifices doivent être le témoignage et le produit d’une sorte d’alluvion des siècles ; on aime à chercher dans les édifices les traces des époques antérieures, et, pour le penseur attentif, l’histoire se lit mieux aux angles des carrefours d’une vieille ville, sur ses places, sous les dômes de ses temples, à l’ombre de ses palais que dans les livres. Gothembourg est le chef-lieu du gouvernement de Gothembourg et Bohus ; sa position, à l’embouchure de la Gotha, serait favorable à un grand mouvement commercial : elle communique avec Stockholm par les beaux canaux qui coupent la Suède transversalement, et avec tous les autres pays par la mer ; elle se trouve admirablement placée pour devenir l’entrepôt central de toute la Suède occidentale, et sa prospérité s’accroît d’année en année. À part son insignifiance archéologique, c’est une belle ville, vaste, aérée, bien bâtie et proprement compassée, comme un alexandrin du dix-septième siècle.

Au moment où nous quittâmes Gothembourg, mon attention fut arrêtée par deux détails, deux choses presque puériles, suffisantes pourtant pour donner