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VOYAGE D’UNE FEMME

Envoyer devant soi un courrier chargé, comme le chat botté du conte bleu, d’annoncer votre arrivée aux bons paysans dont dépendent les relais, les gîtes et les dîners.

Il n’existe pas en Suède d’administration des postes ; les paysans doivent fournir des chevaux aux voyageurs sur leur réclamation ; un tarif règle le prix de chaque poste ; un livre déposé dans chaque village reçoit au besoin les observations et plaintes des étrangers, tenus en outre d’y inscrire leurs noms et leurs qualités, de dire d’où ils viennent et où ils vont. Sans son courrier (appelé förbud) on serait soumis à des lenteurs sans fin, et même avec cette précaution on subit des retards. Le courrier attend souvent son propre cheval plusieurs heures, et on le rattrape malgré ses vingt-quatre heures d’avance. Les mesures que je viens d’indiquer une fois prises, on voyage assez commodément sur les belles routes unies de la Suède.

La côte de la Suède n’a pas d’analogie avec celle du Danemark qui lui fait face ; quoique séparés par un bras de mer à peine plus large qu’un fleuve, les deux pays ont une physionomie très-dissemblable. La côte danoise, élevée, boisée, agreste et fertile à la fois, regarde, du haut de ses collines, la côte suédoise, nue, basse et sablonneuse. Autour d’Helsingborg s’étendent quelques champs d’orge et de seigle fréquemment interrompus par des ampoules pierreuses couvertes de la végétation tourmentée des houx et des pins nains. D’Helsingborg à Falkemberg, la ville la plus rapprochée, la route suit patiemment les festons capricieux de la côte ; ce qui doit allonger le