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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

comme du feutre, et brodée avec une profusion de perles et de rubis. L’épée du roi, posée près de sa selle, a une lourde poignée d’or massif dont le travail exquis est plus précieux que la matière ; autour de cette poignée se tortille plusieurs fois une corde à puits formée de rubis et de diamants énormes. La femme de Christian, Catherine de Brandebourg, imitait ce grand faste ; mais, en reine bien entendue, elle avait mis son luxe au service de sa coquetterie ; elle fit construire un vaste cabinet de toilette dont les murs, le plafond et même le parquet étaient recouverts de glaces. Les glaces alors n’étaient pas de beaucoup moins chères que les diamants. Dans toutes les salles de Rosenbourg les meubles sont d’ébène sculpté ou d’ivoire découpé à jour comme de la dentelle ; les trônes sont d’argent massif, la vaisselle est d’or, et, dans tous les coins, tremble la lumière irisée de ces merveilleuses verreries de Bohême taillées dans un rayon de l’arc-en-ciel. On se promène au milieu de tout cela comme dans un palais des Mille et une nuits, avec une admiration mêlée de doute et d’émoi, et on se demande si on est bien éveillé.

Le lendemain du jour où j’avais exploré cet immense écrin appelé Rosenbourg, je fis une visite d’un intérêt tout différent : je pus parcourir les magnifiques salles où des savants distingués ont réuni et classé avec méthode une collection considérable d’objets à l’usage des anciens habitants du nord de l’Europe.

Les armes des Scandinaves étaient toujours en pierre ; les dards, les haches, les couteaux se fabri-