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VOYAGE D’UNE FEMME

et sculptés, remplis d’œuvres d’art, de bronzes et de porcelaines de Saxe exquises. Le plus charmant de ces salons est en même temps le plus original ; c’est le salon des coquilles. Figurez-vous une immense salle soutenue par de gros piliers de marbre blanc dans lesquels sont incrustés pêle-mêle, dans un harmonieux et gai désordre, les plus beaux minéraux, des topazes, des améthystes, du lapis-lazuli, du cristal de roche, du grenat, du porphyre de toutes nuances, des malachites, des agates irisées, des jaspes ; puis encore des coraux, de l’ambre et des nacres précieuses, et des fragments de ces minerais si riches de tons qu’on trouve dans les profondeurs des mines, et des madrépores bizarres, des onyx, des cornalines, des perles. Je n’en finirais pas en voulant tout nommer ; d’ailleurs, j’ignore probablement le nom de beaucoup de ces matières. Figurez-vous enfin cet écrin de la terre et de la mer répandu sur toutes les murailles, couvrant tous les piliers, et cela dans un intelligent pêle-mêle et par fragments de forme naturelle et capricieuse, taillés seulement assez pour faire jouir de tout leur éclat. Aux deux bouts du salon, sur des pyramides de coquilles rares, sont placées quatre fontaines dont la vasque est formée de grandes coquilles bénitiers ; au milieu du salon brillent, comme deux diamants des Mille et une Nuits, deux immenses coupes de cristal de roche, présent de l’empereur de Russie à son féal ami le roi de Prusse. On ne rêve pas le palais d’Amphitrite plus merveilleux, plus éclatant, plus féerique que ce splendide salon ! Il y a pourtant quelque chose de plus intéressant à voir à Potsdam ; je veux