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VOYAGE D’UNE FEMME

savent ! Voudrions nous croire un pareil récit ? Et cela se fait sous nos yeux, en pleine Europe, en France même, et des populations entières languissent, souffrent et meurent sous ce travail accablant, et, hélas ! nécessaire, jusqu’à ce que les machines, ces bienfaitrices de l’ouvrier, aient remplacé les mineurs. Oh ! martyrs de la pauvreté, que de noms à ajouter à vos annales !…

J’ai fait la route de Fahlun à Stockholm dans un nuage chargé d’eau ; j’ai en vain cherché à voir le paysage ; de temps en temps mon voile gris se déchirait et j’apercevais, entre deux averses, le jour, une perspective de champs bien cultivés, ou le soir, quelque feu placé à l’avant d’une barque de pêcheur, afin d’attirer les truites des lacs, qui venaient se faire prendre avec un petit trident fait pour cela.

Enfin, un matin j’entrai dans Stockholm, et dès le premier moment je fus charmée de son aspect ; je retrouvais enfin une belle grande ville, animée et élégante ; j’entrevoyais, en passant rapidement, de riches magasins, les églises, des palais, des statues, et je saluais joyeusement ces indices de la civilisation complète au milieu de laquelle j’allais me retrouver. Le lendemain, je fus bien autrement enchantée par ma première sortie : du sommet d’une haute colline nommée Mosebakkan, on a le panorama entier de la ville ; on voit Stockholm à vol d’oiseau, à peu près comme on découvre Paris du haut des buttes Montmartre ; de ce lieu, je dois le dire, la comparaison est toute à l’avantage de la capitale de la Suède. Stockholm possède toutes les beautés naturelles ; sa situation est sans doute unique dans le