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AU SPITZBERG.

Nos douces promesses d’amour
De ton souvenir sont chassées.
Tu les gardas à peine un jour :
Les roses sont sitôt passées !

Prenant les mains de son ami,
Et le conduisant vers la rive
Où brillait le lac endormi :
« Notre plainte serait tardive ;
De nos maux montrons-nous vainqueurs
Toutes nos larmes sont versées ;
Viens, l’amour seul règne en nos cœurs :
Les roses sont sitôt passées !

Allons plutôt, comme autrefois,
Sur le lac dans notre nacelle,
Que j’entende ta douce voix
Me dire ta chanson fidèle ;
Que par tes accents amoureux
Mes oreilles soient caressées.
Allons, ami, soyons heureux !
Les roses sont sitôt passées !

Alors le jeune homme monta
Dans la barque aux flots balancée,
Et l’écho du bois répéta
La chanson de la fiancée :
Au milieu de ce chant si pur
Quelques plaintes s’étaient glissées,
Qui disaient, montant vers l’azur :
Les roses sont sitôt passées !

Sur l’eau le calme s’étendit,
Et quand on fut loin de la terre,
Alors la jeune fille dit :
« Est-il donc, ami, nécessaire
De retourner à nos douleurs ?
Ici nos mains sont enlacées,
Restons à l’abri des malheurs :
Les roses sont sitôt passées !