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AU SPITZBERG.

chétifs et grêles, n’acquièrent tout leur développement qu’aux environs de Torneä.

Le Muonio étant la limite de la Finlande suédoise, on aborde alternativement sur la rive russe ou sur la rive suédoise. Muonioniska, où nous couchâmes le premier jour de notre voyage par eau, est une bourgade russe composée d’une centaine d’habitations qui sont dispersées dans une vaste plaine. Les maisons y ont un air aisé, bien différent du triste aspect des maisons laponnes : elles sont en bois, avec de grands toits à auvents et de hauts perrons à rampes découpées : elles ont une certaine ressemblance avec les chalets suisses. Il n’en fallait pas davantage pour que Muonioniska me parût charmant au premier coup d’œil ; au second, je le trouvai encore bien pauvre, car je ne pus m’y procurer d’autre gîte qu’une hutte de bois sans cheminée, meublée de deux bottes de paille. Néanmoins je résolus d’y passer une journée. Le pasteur de Muonioniska nous vint voir : c’est un homme instruit, s’occupant de sciences naturelles, Il nous montra une assez belle collection de coléoptères recueillis dans les différents cantons de la Finlande, et quelques lépidoptères, parmi lesquels je m’étonnai de rencontrer plus de nocturnes que de diurnes. Le pasteur me dit que ces espèces volent le jour sous ces hautes latitudes.

Je dormais très-profondément sur mon lit de paille, quand on vint m’appeler pour voir une aurore boréale. Je fus prête en un instant, et fus alors témoin d’un des plus magnifiques spectacles du monde. Le ciel étant très-noir, il se forma d’abord à l’horizon un foyer de lumière pâle qui avait l’appa-