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AU SPITZBERG.

cide justice, représentaient assez bien l’allégorie de la Gloire terrassant l’Envie.

N’ayant vu d’exemplaire de ces singuliers petits animaux nulle part, je voulus essayer d’en conserver quelques-uns, dans l’intention ambitieuse de les offrir à notre Jardin des Plantes ; mais, malgré mes soins attentifs, tous ceux que je pris, au nombre d’une trentaine, moururent au bout de quelques heures.

La pluie avait rendu le début de notre voyage fort pénible ; nous nous trouvions vers sept heures du soir si mouillés et si fatigués que nous résolûmes de camper au premier endroit favorable ; bientôt après, sur le bord d’un torrent, nous trouvâmes un bon espace de terre solide, et, ce qui nous fit pousser des cris de joie, plusieurs traîneaux laissés là par des Lapons, afin sans doute de les venir ensuite reprendre à la saison des neiges.

Les traîneaux lapons ne contiennent qu’une personne ; ils ont la forme de grands sabots ; ils sont construits en bois et recouverts en peau de phoque. On s’assoit dans la partie qui figure le talon du sabot ; de cette façon, les jambes sont garanties et recouvertes ; près de la pointe de l’avant se trouve une petite cavité fermée par un couvercle, où le Lapon enferme ses provisions ; quelquefois une peau de renne est clouée tout autour et forme comme une sorte de sac par lequel s’introduit le voyageur, bien à l’abri du froid grâce à cette précaution. On voit que cette installation est loin des traîneaux de poisson gelé en usage chez les Esquimaux ; elle est commode et je dirais presque confortable, si ce mot ne se trou-