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VOYAGE D’UNE FEMME

voyage déjà infiniment long, nous ne pûmes l’accepter.

Il n’y a pas de chevaux sur les côtes du Finmark ; ils y seraient ruineux et inutiles ; les communications étant impossibles par terre, tous les trajets se font donc par mer ; nous avions prévu cette difficulté et, dès notre premier séjour à Hammerfest, donné les ordres nécessaires pour faire venir, vers le 1er septembre, à Kaafiord, les six chevaux dont nous avions besoin ; ils arrivèrent en effet le 30 aout, conduits par deux Norwégiens. Dès que j’appris leur arrivée, j’allai faire connaissance avec nos futures montures : c’étaient des chevaux de race norwégienne, petits, lourds, avec le poil ébouriffé, de grosses jambes et de longues queues ; des coureurs qui auraient fait, je vous jure, triste mine dans un handicap ou même aux Champs-Élysées. Ils étaient maigrement harnachés de cuirs usés et de cordes. Malgré cet extérieur peu encourageant, ce furent d’excellentes bêtes ; ils nous servirent vaillamment, et leur énergie nous tira de plus d’un mauvais pas. Je me trouvai d’abord assez embarrassée ; la présence d’une femme n’ayant pas été prévue, nos correspondants avaient négligé de se procurer une selle de femme, et je vis le moment où je serais obligée de faire l’homme jusque-là, de monter à califourchon, ce qui m’était, malgré mon costume, très-gênant, et j’ajoute très-effrayant ; car je ne suis pas du tout adroite dans cette attitude. Un de nos bons Anglais me vint en aide en me cédant une vieille selle de femme que, par un heureux hasard, il avait apportée de Londres, et dont il croyait bien ne devoir jamais avoir l’emploi. Le 30 août, tout fut