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VOYAGE D’UNE FEMME

tagne ; ces conduits, sortes de rigoles massives, le font glisser jusqu’à quatre énormes cylindres de pierre posés horizontalement ; ces cylindres, mus par un torrent, tournent incessamment l’un contre l’autre avec une force qui réduit les pierres les plus dures en poussière. En sortant des meules, le minerai est placé dans de petits wagons et conduit par un étroit chemin de fer à l’édifice de la fonderie. Là il subit les sept façons qui lui sont nécessaires pour être complétement épuré, et tout cela se fait si rapidement, qu’il suffit de deux heures pour transformer les fragments du rocher de Kaafiord en belles barres de cuivre rouge, que des navires anglais emportent, non sans grand profit pour la société concessionnaire ; car le minerai de Kaafiord contient, m’a-t-on dit, environ 10 pour 100 de cuivre pur. Du haut de la montagne on a un panorama très-vaste très-pittoresque, réunissant dans un même tableau les aspects de la nature la plus abrupte et les scènes de la vie civilisée.

Le petit golfe de Kaafiord a la forme d’un entonnoir ; le goulet d’entrée est si étroit que deux navires auraient, je crois, de la peine à y passer de front ; d’un côté du golfe, ses grands rochers s’élèvent à pic sur la mer ; de l’autre, la montagne descend en pentes et forme de temps en temps de petits plateaux où l’on a construit les maisons de bois des mineurs. Sur l’un des promontoires d’entrée on a élevé une église, petite, simple, peinte en gris, et qui, vue de loin, se confond avec le rocher ; derrière l’église, à quelque distance, la fonderie montre incessamment la gueule ardente de ses fournaises et vomit d’épais tourbillons