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AU SPITZBERG.

de traversée et les tempêtes du cap de Bonne-Espérance, en passant une journée dans les musées de la Haye. Le musée chinois est une collection complète des armes, des vêtements, des meubles, des tableaux, des outils et des ustensiles du céleste empire ; on y a ajouté des imitations parfaites de tous les animaux, des fruits, des fleurs, des plantes et des légumes du pays ; s’il fallait citer tout ce qui est étonnant de perfection, il faudrait dresser une nomenclature ; il y a là des fruits à rendre voleur un gourmand ; en les regardant, il semble qu’il s’en exhale un parfum exquis et pénétrant. Comme complément à ces magnifiques collections, on a placé dans la même salle les plans, en relief, de Pékin et de Canton, exécutés sur d’assez grandes proportions et avec une fidélité chinoise. Les trésors positifs ne le cèdent en rien aux chefs-d’œuvre de patience ; les armes et les costumes réunis dans le musée représentent une énorme valeur ; ce sont encore plus des bijoux que des armes ; les kriss malais sont en or massif avec une petite flamme d’acier au bout seulement, mais bien aiguë et bien empoisonnée, comme il convient ; les manches de poignards japonais sont encroûtés de pierreries : cet arsenal-là est un écrin. Les costumes sont également inestimables ; j’ai vu parmi eux tant d’étoffes éblouissantes, inconnues chez nous, que la seule comparaison me venant à l’esprit était celle de la robe couleur du soleil, dont on nous parle dans le conte de Peau-d’Âne. La plupart des jupes des femmes sont de ces beaux crêpes auxquels la Chine a donné son nom, avec des broderies d’or du goût le plus charmant ; certes ces