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VOYAGE D’UNE FEMME

mines, et sollicita du gouvernement suédois un privilége à cet effet ; il lui fut facilement accordé. Le peuple anglais possède à un haut degré le génie de l’industrie et de la colonisation. Les ingénieurs venus de Londres à Kaafiord le prouvèrent une fois de plus. Rien ne rebuta ce petit groupe d’hommes, ni les rigueurs d’un climat auprès duquel les brouillards de la Tamise sont de chauds zéphirs, ni les difficultés inhérentes à un pays sans végétation et sans habitants. Il n’y avait pas de bois, on fit venir de la houille d’Angleterre ; on manquait d’ouvriers, on en envoya chercher en Cornouaille ; en peu de temps tout fut transformé, et une petite colonie, composée seulement de deux familles, avait su transporter dans ce coin reculé du monde les mœurs civilisées et une partie du confort de la vieille Angleterre. Lorsque j’arrivai à Kaafiord, je marchai de surprises en surprises : je trouvai, au lieu des chétives maisons d’Hammerfest, des appartements vastes, bien meublés, bien clos et bien aérés à la fois, des poêles et des cheminées agencés en perfection, des tapis, des livres, quelques tableaux, un piano ; c’était à n’y pas croire. Nous reçûmes de MM. Crowe et Woodfall, concessionnaires des mines, de M. Thomas, ingénieur, et de leurs familles, l’accueil le plus cordial. La table de Kaafiord faisait aussi le contraste le plus complet avec nos menus d’Hammerfest ; grâce à de fréquentes relations entre les mines et la mère-patrie, on nous servit avec abondance et variété, et lorsque, réconfortés par un bon dîner, égayés par le spectacle de ces excellents hôtes qui s’empressaient autour de nous, nous nous trouvâmes le soir pre-