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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

grande vraisemblance, les vieilles mères l’oie néerlandaises ajoutent que les bernaches choisissent toujours des arbres situés près de la mer, afin que les petits oiseaux puissent aller nager tout de suite en sortant du nid. Tout ceci est ce qu’on peut bien véritablement appeler un canard d’histoire naturelle et même surnaturelle. La vérité est plus simple. Les bernaches sont des oiseaux émigrants ; l’été, ils vont faire leur ponte au milieu des paisibles solitudes des îles de l’océan Glacial, et, l’hiver, ils regagnent des régions plus tempérées. Tous ceux de ces pauvres oiseaux que l’on trouva dans l’île de l’Ours étaient si sauvages, qu’ils n’étaient pas craintifs ; les mères couveuses se laissaient approcher avec un mélange de tendresse maternelle et de confiance qui aurait dû humaniser les matelots, et se firent assommer sur leur nid sans chercher à se défendre ou à s’enfuir.

À l’intérieur, Beeren-Eiland ne présentait qu’une vaste plaine de neige ; dans quelques endroits seulement, le dégel commençait et avait formé des ruisseaux qui glissaient silencieusement sur la neige, rubans d’argent posés sur du velours blanc.

Le géologue de l’expédition constata un fait curieux pour la science : il recueillit des fragments de polypiers, semblables, nous dit-il, à ceux qu’on trouve sous les tropiques. Les hydrographes firent une rectification importante pour les marins. Sur beaucoup de cartes, Cherry est indiquée comme étant par le 74° 30′ de latitude nord, tandis que sa position bien déterminée est par le 76° 30′ de latitude nord. C’est une erreur de cinquante lieues.

À peine les chaloupes étaient-elles revenues à