Page:Aunet - Voyage d’une femme au Spitzberg, 1872.pdf/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
AU SPITZBERG.

Voici notre itinéraire.

En allant :

La Hollande, Hambourg, le Danemark, la Suède occidentale, la Norvége, Christiania, Drontheim, le cap Nord et enfin le Spitzberg, s’il plaît à Dieu.

Au retour :

La Laponie, Tornéa, la Finlande, la Suède orientale, Stockholm, la Prusse, la Saxe et le Rhin.

Je ne vous dis rien des adieux, du départ, de la Normandie, dont j’ai entrevu les beautés à travers un voile de pluie qui les attriste trop souvent, rien non plus du Havre, devenu un faubourg de Paris ; le vrai voyage n’a commencé pour moi qu’au moment où j’ai mis le pied sur le pont du bateau à vapeur de Rotterdam. Il faisait un temps affreux. En sortant du port, le bateau a été lancé par les vagues sur un groupe de petits chasse-marée auxquels il a causé des avaries considérables, nos roues déchiraient les voiles, brisaient les mâts, enfonçaient les coques ; tout criait et craquait sous cet immense moulin ; les pêcheurs ainsi maltraités étaient désolés et furieux à la fois ; ils nous apostrophaient d’une manière énergique et peu courtoise. Je quittai ainsi le Havre au milieu d’un grand tumulte et d’un concert de malédictions. Ni les côtes de la patrie ni les compatriotes ne me firent de touchants adieux.

À partir de ce moment jusqu’au lendemain, je fus la proie exclusive de cette torture appelée le mal de mer, et je ne vis rien, hors des tasses de thé et des citrons dans lesquels, par rage, je mordais comme dans des pommes.

Lorsque le bateau entra dans la Meuse, je me sentis