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AU SPITZBERG.

tares. Leur costume est le costume élémentaire de tout peuple primitif et chasseur, et ne doit guère différer de celui de Magog, fils de Japhet. Les peaux des animaux en font tous les frais ; ils portent en tout temps, pour premier vêtement, une peau de mouton dont la laine est tournée en dedans, cette espèce de sayon se recouvre, l’hiver, d’une blouse en peau de renne, l’été, d’une blouse de wadmel gris ou bleu foncé, garnie de bandes de drap de diverses couleurs. Le collet de ces blouses, toujours roide et élevé, est orné de petits morceaux de drap rouge, de pasquilles d’étain encadrées dans des piqûres assez habilement exécutées ; la fente de la blouse et les poignets reçoivent les mêmes enjolivements. La ceinture de peau de renne qui retient la blouse sert de spécimen du luxe de chacun ; tout Lapon y attache des plaques de cuivre, des boutons d’étain ou des plaques d’argent grossièrement ciselées, selon sa fortune. Les hommes portent les cheveux longs flottant sur leurs épaules, et se couvrent la tête d’une calotte de drap garnie comme la blouse de bandes de plusieurs couleurs ; ils se garantissent les jambes avec des jambières de peau de renne et se chaussent d’un sabot de la même peau, précisément faits comme nos sabots de bois, mais formant demi-botte, ce qui permet de le fixer avec de minces lanières de cuir. Ils emplissent ces chaussures de menues herbes bien sèches, et y enferment leurs pieds tout nus.

Les femmes sont vêtues comme les hommes, à l’exception de leur coiffure, qui est très-bizarre : figurez-vous un casque de drap bleu ou vert, lequel casque s’arrondit autour du visage comme un bonnet,