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VOYAGE D’UNE FEMME

tains, la Laponie est restée matière à curiosité. Peu de voyageurs s’aventureront jamais dans des régions à la fois si dangereuses et si ingrates à explorer ; je pense donc ne devoir négliger aucun détail sur les rares et étranges habitants de ce pays.

Des recherches ethnologiques approfondies me sont interdites par mon ignorance ; mais, sans prétendre faire de la science, il parait évident que les Lapons tirent leur origine de peuplades asiatiques, des Mongols, ou plutôt des anciens Scythes ouraliens, avec lesquels ils ont une analogie physique très-marquée. Leurs cheveux noirs et droits, leur visage carré, leurs pommettes saillantes, leur nez aplati, leurs yeux petits et relevés des coins les font trop différer de toutes les populations du Nord pour qu’il soit possible de leur assigner une commune origine. Leur taille est encore une autre dissemblance : les Lapons, sans représenter précisément les pygmées qu’Hercule emporta dans sa peau de lion, sont pourtant d’une stature qui contraste avec les belles tailles des contrées septentrionales. Il est rare de rencontrer parmi eux un homme ayant cinq pieds de haut ; ils sont fréquemment entre quatre pieds quatre pouces et quatre pieds dix pouces ; leur moyenne, on le voit, est de beaucoup inférieure à celle des autres peuples d’Europe. Leur langage en fait aussi un peuple à part ; ils parlent un idiome incompréhensible pour les Russes ou les Norwégiens, avec lesquels ils sont constamment en rapport. Ce qui viendrait à l’appui de mon opinion sur leur filiation, c’est la grande ressemblance de certaines expressions usitées chez eux avec la langue des Tar-