ration, dotée de tant de trésors, maintenant veuve dépouillée et sombre du catholicisme qui l’a édifiée.
Je n’assiste jamais sans un profond sentiment de regret à la transformation d’une église gothique en temple protestant ; je souffre de voir dévaster, fut-ce au nom de l’Évangile, une de ces vieilles basiliques si pleines de grandeur et de poésie. Mon sentiment d’artiste se trouve ici en jeu, et non ma foi religieuse ; vous ne devez donc pas voir dans mes paroles une attaque au protestantisme ; car je suis de ceux qui croient que toute conviction mérite le respect, et que toute religion y a droit.
En quittant la cathédrale, je rentrai vite dans la boîte à compartiments décorée du nom d’hôtel, où je logeais, afin de m’habiller pour dîner chez M. Riss, gouverneur de la ville. À quatre heures (heure indiquée), j’arrivai au palais du gouverneur, un peu mouillée, car il est impossible à Drontheim de se procurer une voiture ; un traîneau, à la bonne heure.
Le palais du gouverneur, comme on dit, est une immense construction en bois, n’ayant d’un palais que le nom et les dimensions ; il est situé dans la Monkgade (rue des Moines), la plus belle rue de Drontheim. Comme la Canebière de Marseille, la Monkgade a pour perspective un large golfe tout couvert de navires.
Je trouvai chez M. le gouverneur un accueil gracieux et empressé, une cordialité affable qui me replaça tout à coup sous les latitudes les plus élégantes.
Madame Riss parle un peu français, et son intelligence supplée parfaitement à sa science. Plusieurs