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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


dance frivole et stérile de paroles : « Mais qu’il demeure bien entendu, dit-il, qu’il n’y a aucun éloge à donner à ceux qui, tout à fait étrangers à l’art de la parole, ne peuvent exposer ce qu’ils savent ; ni à ceux qui, sans instruction aucune, parlent avec élégance et avec abondance de ce qu’ils ignorent complètement. S’il fallait choisir, je préférerais le savoir sans éloquence à un frivole bavardage. » Dans son premier livre de l’Orateur, on trouvé encore ces mots : « Qu’y a-t-il de plus déraisonnable que des phrases brillantes et pompeuses, qui frappent l’oreille d’un vain bruit, et ne présentent à l’esprit ni pensées ni instruction ? » Mais l’ennemi le plus acharné de ce défaut est sans contredit M. Caton. Dans le discours intitulé, Si Célius s’est appelé tribun du peuple, il s’écrie : « Jamais il ne se tait, celui qui est atteint de la maladie de parler. Il ressemble à l’hydropique qui dort et boit sans cesse. Cet homme est tellement pressé du besoin de parler, que si les gens qu’il invite ne viennent pas, il louera un auditoire. Ses paroles frappent vos oreilles sans vous persuader ; c’est un charlatan dont vous entendez les paroles, mais auquel vous vous garderez bien de vous adresser, en cas de maladie. » Dans le même discours, Caton, reprochant à ce même M. Célius, tribun du peuple, la vénalité de ses paroles et