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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


d’Amalthée, ce qui est à peu près l’équivalent del’expression latine, Cornu copiae, la corne d’abondance. On trouve dans ce recueil l’anecdote suivante sur l’orateur Démosthène et la courtisane Laïs. La Corinthienne Laïs, dit Sotion, femme d’une beauté et d’une gràce ravissante, se faisait un immense revenu. Les hommes les plus opulents de toute la Grèce accouraient chez elle ; on n’était admis qu’en donnant ce qu’elle exigeait, et elle mettait ses faveurs à un prix excessif ; de là cet adage connu en Grèce :

 Il n’est pas permis à tout le monde d’aborder à Corinthe ;


car c’était en vain qu’on allait à Corinthe chez Laïs, si on ne pouvait donner la somme demandée. Un jour, Démosthène se rend secrètement chez elle, et sollicite ses faveurs. Mais Laïs lui demande dix milles drachmes, c’est-à-dire un talent, ce qui vaut dix mille deniers de notre monnaie. L’effronterie de cette femme et l’énormité de la somme confondent et effrayent Démosthène, qui se retire en disant : « Je n’achète pas si cher un repentir » . Mais le mot est bien plus piquant en grec : Οὐκ ὠνοῦμαι μυρίων δραχμῶν μεταμέλειαν.