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sommet des montagnes, au milieu des nymphes des bois; mais Virgile, ajoutait-il, était loin d'avoir fait une comparaison aussi juste, parce que Didon, au milieu de sa ville naissante, s'avançant entourée de ses chefs tyrieris, avec une démarche grave, un exté- rieur imposant, hâtant les travaux, comme dit le poète, et pré- parant la future grandeur de son empire, n'offre aucun rapport, ne présente aucun point 4^ comparaison avec Diane au milieu des joyeux ébats de la chasse; ensuite Homère peint avec con- science et vérité Diane* se livrant avec ard?ur à son exercice fa- vori; Virgile j au contraire, sans avoir parlé de la chasse de la déesse, se contente de lui mettre sur l'épaule un carquois que Ton prendrait volontiers pour un fardeau, pour un véritable pa- quet. Mais ce qui étonnait surtout Probus, disaient ses disciples, c'est que, ayant pour modèle une joie naturelle et profonde qui pénètre, vivante, au milieu de l'âme et du cœur de Latone (car n'est-ce pas là le sens de yey-nBt Sî xt Vp^va A-/iTûi?) Virgile, dans son imitation, ait peint la joie de la déesse comme un sen- timent froid, léger, tranquille, qui n'effleure, pour ainsi dire, que la surface du cœur. « Car, dit Probus, peut-on donner une autre acception au mot pertentant? A toutes ces critiques, il ajoute que Virgile lui paraît avoir négligé la fleur de ce passage, lorsqu'il traduit si faiblement ce vers de son modèle :