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IV. Traditions merveilleuses sur quelques nations barbares. Enchantements funestes et déplorables. Femmes changées subitement en hommes.

Revenant de Grèce en Italie, je débarquai à Brindes. Au sortir du vaisseau, je me promenais sur ce port fameux qu'Ennius a appelé prœpes, assuré, en donnant à ce mot une acception fort peu usitée, mais très-convenable, lorsque j'aperçus un étalage de livres mis en vente. C'était une collection de livres grecs remplis de merveilles, de fables, de récits inouïs, incroyables, dont les auteurs étaient anciens et d'une autorité considérable : Aristée de Proconnèse, Isigone de Nicée, Ctésias, Onésicrite, Polystéphanus, Hégésias. Tous ces livres, abandonnés depuis longtemps, étaient couverts de poussière et avaient la plus triste apparence. Toutefois, je m'approchai, je demandai le prix, et, séduit par un bon marché inattendu et tout à fait étonnant, j'achetai presque rien un grand nombre d'ouvrages ; je passai les deux nuits suivantes à les parcourir. En faisant cette lecture, j'ai noté quelques traits merveilleux, que l'on chercherait vainement, je crois, dans nos écrivains. J'ai jugé convenable de leur donner place dans