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rhétorique^ non pas comme dans une lutte inofTensive^ dans un combat fait à plaisir; ce n'est pas, dis-je, avec une pureté, une harmonie rigoureuse que se passe l'action ; on dirait plutôt une bataille acharnée, une mêlée furieuse entre des troupes éparses, combattant sur plusieurs points avec des succès divers. Ainsi, dans cette cause, pour repousser ce reproche d'un orgueil trop célèbre, et qui rendait les Rhodiens odieux, Caton emploie in- distinctement tous les moyens propres à défendre ses clients, à repousser loin d'eux le danger. Tantôt il les recommande comme ayant bien mérité de la république; tantôt il les dépeint comme des victimes innocentes dont il reproche aux Romains de con- voiter les biens et les richesses; ce sont bientôt des coupables pour lesquels il intercède; ce sont encore des alliés nécessaires à Rome. Là, il rappelle aux sénateurs la clémence, la mansuétude de leurs aïeux; ici, c'est l'utilité publique qu'il invoque. Et si,, dans l'emploi de ces moyens, on demandait peut-être plus d'ordre, d'harmonie et d'élégance, il serait du moins impossible de traiter ce sujet avec plus de force et d'éloquence. TuUius Tiron est donc trop injuste lorsque, de cette harangue si riche en moyens, si abondante, et dont toutes les parties se prêtent par leur enchaînement un appui mutuel, il détache quelques fragments, mettant à nu quelques phrases isolées, po.ur les criti-