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les Rhodiens d'avoir voulu être les ennemis de la république sans avoir fait d'acte hostile. On ne peut se dissimuler, dit-il, que ce ne soit la même chose de désirer avoir plus de cinq c^uts arpents de terre, limite fixée par un plébiscite, et désirer faire une guerre injuste et impie au peuple romain. On conviendra aussi que les règles de la justice pour les récompenses ne peu- vent être les mêmes que pour les châtiments. En efiet, dit-il, il faut attendre qu'une bonne action promise ait été accomplie : jusque là on ne peut la récompenser. Mais quant aux menaces, il est bien plus conforme à l'équité de les prévenir que d'en atten- dre l'effet. Ce serait faire profession de la plus grande folie, que de ne point aller au-devant des projets criminels, de rester inac- tif, d'attendre que le crime soit achevé, et de ne songer enfin à punir que quand le mal est devenu irréparable.

Ces objetions de Tiron à Caton ne sont dénuées ni de force ni de fondement. Toutefois l'orateur se garde bien de présenter ainsi son induction nue, isolée et sans appui; il a recours à plu- sieurs moyens, à d'autres preuves qui entourent et fortifient son argument. Et d'ailleurs,, persuadé qu'il défendait les intérêts non-seulement des Rhodiens, mais encore de la république, ac- tions et paroles, il a cru pouvoir tout employer sans rougir,