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à ses élèves, pour les exhorter à l'étude de la philosophie, un grand nombre d'exemples bons et salutaires; pour enflammer leur ardeur, il aimait surtout à raconter ce trait d'Euclide, disciple de Socrate : « Les Athéniens, dit-il, avaient décrété que si un citoyen de Mégare mettait les pieds dans Athènes, il subirait la peine capitale : tant était grande, ajoute-t-il, la haine des Athéniens contre leurs voisins les Mégariens ! Cependant Euclide, qui était de Mégare, et qui avant le décret avait coutume de séjourner à Athènes pour assister aux leçons de Socrate, ne se laissa point effrayer par l'arrêté des Athéniens : vers le soir, à l'entrée de la nuit, il prenait une tunique de femme, un manteau de diverses couleurs, et, la tête couverte d'un voile, il se rendait de Mégare à Athènes pour pouvoir, pendant une partie de la nuit, écouter les leçons de Socrate et jouir de son entretien. Au point du jour, caché sous le même vêtement, il disparaissait et faisait plus de vingt mille pas pour retourner à Mégare. Mais aujourd'hui, continue-t-il, on voit les philosophes courir aux portes des fils de famille pour leur donner des leçons, et là rester assis, attendant, jusqu'à midi, que leurs disciples aient cuvé le vin de la nuit. »