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XXI. Que ceux qui disent pluria. compluria, compluries, parlent correctement et ne font point de barbarisme.

Un de mes amis, homme fort éradit, se servit un jour, dans la conversation, du mot pluria : non point qull voulût faire parade d'érudition, ou qu'il crût que plura ne pouvait se dire ; car c'est un homme d'une érudition solide : occupé de l'accomplis- sement des devoirs sérieux de la vie, il ne s'amusait pas à dis- puter sur les mots; mais, je pense, la lecture assidue des auteurs anciens l'avait familiarisé avec cette expression, qui se trouve fréquemment employée dans leurs ouvrages. Quand il employa cette expression, il y avait là, par hasard, un prétendu savant, hardi redresseur de mots, homme d'une instruction très- vulgaire et très-bornée; il ne possédait sur la grammaire que quelques notions superficielles incohérentes, et assez souvent fausses, mais il s'en servait pour jeter de la poudre aux yeux de tous ceux aux- quels il s'adressait. Se tournant vers mon ami : « Ton pluria, dit-il, est un barbarisme; ce mot n'a pour lui ni les règles ni l'auto- rité d'un écrivain remarquable. — Illustre savant, répondit en souriant mon ami, tu me ferais grand plaisir, car dans ce mo- ment je n'ai point d'affaires sérieuses, si tu voulais m'expliquer