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AULU-GELLE


que Théophraste a discuté avec tant de conscience et de clarté ; et, laissant de côté ce qu’il y avait de pénible, de fastidieux dans la question, il s’est contenté d’offrir les idées principales dans quelques lignes. Je transcris ses paroles que l’on sera peut-être bien aise de relire : « Voici, selon moi, quelles limites il faut fixer. Entre deux amis que nous supposons gens de bien, projets, volonté, tout sans exception doit être commun ; et s’il arrive par malheur que l’un d’eux ait besoin d’assistance dans les choses qui ne soient pas absolument justes, mais où il s’agisse pour lui de l’honneur ou de la vie, l’autre pourra dévier un peu du droit chemin, pourvu toutefois que l’infamie n’en soit point la conséquence. Jusqu’à un certain point l’amitié est une excuse. »

« Ainsi, lorsqu’il s’agira, dit Cicéron, de la vie ou de la réputation d’un ami, nous pourrons nous relâcher un moment de nos principes, pour soutenir ses desseins, même lorsqu’ils sont injustes. » Mais en quoi peut-on s’éloigner du devoir ? jusqu’où peut aller le zèle de l’amitié ? quel degré d’injustice peut-on favoriser chez un ami ? C’est ce que Cicéron ne détermine nullement. Que m’importe de savoir que mon ami étant dans de semblables dangers, pourvu qu’il n’en résulte pas pour moi un trop grand déshonneur, je puis m’écarter de la bonne voie, si l’on ne