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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


miers éléments de la science. On apporta le livre, et on fit lecture de ce passage dans lequel Epictète, avec autant de sévérité que d’enjouement, distingue du véritable et sincère stoïcien, de celui qui est sans contredit invincible, indomptable, indépendant, libre, riche, heureux, cette troupe d’hommes impudents, soi-disant stoïciens, qui jettent de la poudre aux yeux de leurs auditeurs avec de grands mots et de vains arguments, profanant le nom de l’étude la plus digne de respect. Voici le passage : « Parle-moi sur les biens et sur les maux. — Écoute :

Le vent m’a poussé de Troie dans le pays des Cycones.

« Les choses de ce monde sont ou bonnes, ou mauvaises, ou indifférentes. Les choses bonnes sont la vertu et tout ce qui s’y rattache ; les choses mauvaises sont le vice et tout ce qui tient au vice ; les choses indifférentes sont celles qui tiennent le milieu entre le bien et le mal, comme la richesse, la santé, la vie, la mort, le plaisir, la douleur. — D’où sais-tu cela ? — C’est Hellanicus qui le dit dans ses Égyptiatiques. Mais qu’importe de rapporter l’opinion d’Hellanicus ou celle de Diogène dans sa morale, de Chrysippe ou de Cléanthe ? — C’est bien ; tu as sé-